PEUT ON FAIRE DE LA MACROPHOTOGRAPHIE SANS OBJECTIF MACRO ?

Vous vous êtes souvent posé cette question : « mais pourquoi donc, quand je m’approche du petit-bidule-tout-mignon-avec-pleins-de-couleurs-devant-moi, mon appareil refuse de faire la mise au point et m’oblige, le bougre, à reculer de 15m, réduisant ce si joli sujet au rang d’un point minuscule dans mon cadrage. De même, vous vous êtes tous dit un jour : Je vais faire une série de photos d’oeil avec l’iris en très gros plan. Seulement voilà, imposible de mettre l’Iris de l’oeil du cousin Gilbert en très gros plan. Au mieux vous aviez l’oeil mais aussi les sourcils, le nez et la commissure des lèvres, et le buffet de tante Denise en arrière plan ! Ce jour là, vous aviez tenté de faire de la macrophotographie, mais vous ne le saviez pas !

Pour une définition exacte de ce qu’est la macrophotographie je vous laisse aller voir mr Wikipedia.

Sachez seulement que dès que le sujet que l’on veut photographier voit sa taille être plus petite que celle de votre main c’est que vous faites de la macrophotographie.

En photo, comme dans la vie, plus le sujet est petit et plus on doit s’approcher pour le voir « grand ». Jusque là vous me suivez n’est ce pas ?

Et là c’est le drame : plus on s’approche et plus l’objectif photographique va devoir « s’éloigner » du boitier photo (en fait il s’éloigne du capteur). Or, un objectif non Macro n’a pas la capacité mécanique de s’éloigner plus que ce que lui permet son petit corps tout cylindrique et musclé. Cette limitation de tirage optique (c’est le terme, désolé) constitue le premier écueil à vouloir photographier des boutons de fleurs, des insectes, et autres composants de carte-ta-mère. Alors faut il courir s’acheter un objectif macro, ou peut on se débrouiller autrement et faire plaisir à son compte en banque ? Je vais vous expliquer deux types de systèmes pour faire de la macro à peu de frais. En réalité il en existe d’autres mais ce sont des dérivés des deux premiers.

Première solution les bagues allonges.(et son dérivé : le soufflet) 

montage bagues Kenko

Comme vous pouvez le voir il s’agit de simples rondelles de métal et de plastique qui viennent, en s’intercalant entre l’objectif et le boitier, permettre à notre tirage optique de s’allonger. En interposant une grande bague, une petite, ou deux ou trois ensembles, on arrive à des rapports de grossissement bien méchant !

montage bagues Kenko

Sur le magnifique Logo de Mr Canon, vous remarquez que grossissement et netteté sont suffisants.

0-nonMacro_bagues

En comparaison l’usage d’un 100 macro Série L ne semble proposer pas vraiment mieux et pourtant pour beaucoup plus cher (Ah oui j’ai oublié de vous préciser qu’un jeux de bagues Kenko valent aux alentours de 150 euros, alors que le 100 macro série L lui vous écorchera de 800 euros environ).

2-objMacro

Alors les bagues allonges sont elles la solution du photographe désargenté mais malin ? La réponse est oui à condition qu’il ne soit pas trop exigeant sur la qualité.

3-effets_debordsavecbaguesetobjononmacro

effets de bords avec bagues et objo non macro

4-macroavecobjomacropasdeffetsdebors

objo macro pas d effets de bords

La première image ci-dessus nous montre que l’utilisation d’un objectif non macro (donc n’ayant pas été conçu optiquement pour travailler à de faibles distances de mise au point) entraine des abérations optiques : une moindre netteté et des effets de bords disgracieux (voir les flèches rouges). La deuxième image en revanche prouve qu’un objectif macro n’est pas un leurre marketing mais bel et bien un instrument de précision, conçu pour répondre aux besoins des photographes les plus minutieux : plus d’effets de bords et un piqué qui « arrache sa race ». Pour ceux qui ont des lentilles de contact un peu sales (ou un écran LCD prêt à rendre l’âme) je précise que l’aberration que je nomme « effet de bords » est cette affreuse bande colorée bleue séparant la partie blanche de l’image de la partie noire. Donc je résume : les bagues c’est bien, ça peut dépanner occasionnellement. Mais si votre pratique de la photographie vous amène à faire souvent de la macro, si c’est votre « kif », si c’est votre spécialité, si vous avez des clients qui le demandent, alors rien ne peut remplacer le confort d’utilisation et la beauté des images produites par un objectif macro. Preuve en est des deux images suivantes :

100 macro rapport 1-1 max

obj macro sans bague

Image à un rapport 1 sur 1 : la pièce de deux centimes fait la même taille dans la vie vraie (1,9cm) que sur l’image produite par mon capteur (2,4X3,6 cm).

100 macro + bagues kenko faible profondeur de champ

obj Macro + bagues kenko

Ici j’ai monté l’objectif macro sur mes trois bagues pour obtenir un grossissement maximal. Remarquez la très faible profondeur de champ qui est inéluctable en « proxifoutugraphie ».

100 macro + bagues kenko faible profondeur de champ

détail obj macro + bagues

Et l’agrandissement de cette image nous montre bien que, même poussée au delà de ses limites mécaniques grace à l’utilisation des bagues, cette optique garde un rendu optique d’excellence. Ce qui m’amène à une conclusion à tiroirs : je commence la macro : je m’achète des bagues parce que c’est pas trop cher et ça me permet de me faire la main. Plus tard, je passe à la caisse car la macro c’est mon truc et en plus les bagues me serviront à faire d’encore plus belles images avec mon tout nouveau joujou.

Je ne peux hélas pas vous dire si les objectifs macro de séries non professionnelles, ou encore les tamron et autres sigma, sont des achats valables par rapport aux versions pro. Il est vrai que pour revenir à Canon il y a une différence de presque 400 euros entre le 100 macro « pro » et le 100 macro « pas pro ». Mais en l’absence de matériel spécifique (genre mires et bancs optiques) je ne suis pas en mesure de faire ce genre de comparaison sur mon blog. Je vous laisse consulter les sites qui savent faire ça, les journaux qui font des fiches de matériel, etc. Ce que je peux en revanche conseiller c’est de ne pas mettre d’argent dans les bagues allonges des marques constructeur. En effet, une bague allonge n’est rien qu’un bête tube sans éléments optiques à l’intérieur et il serait idiot de mettre trois fois le prix pour un tube de marque quand Kenko te le fait et te le fait bien.

Allez, on passe à la deuxième solution macro-bricolo : l’utilisation d’un montage tête-bêche. En fait c’est l’adaptation « à pas cher » du principe de la bonnette. La bonnette est une « loupe » placée devant l’objectif qui va permettre des grossissements bien velus.

montage 200 mm + 80 1,8 tête bêche

montage objectif tete beche

Ci dessus un exemple de montage, il existe des bagues de fixation avec double pas de vis pour obtenir un montage bien dans l’axe et étanche à la lumière mais pour un essai occasionnel il suffit de monter les deux objectifs avec un scotch noir et costaud (gaffer).

200 mm + 80 1,8 tête bêche

objtetebeche2

Là, avec ce système on obtient un grossissement énauuuurme, que même un objectif macro ne peut obtenir. Mais attention, gros artéfacts sur l’image : vignettage hyper prononcé (que l’on peut réduire en choisissant mieux son couple d’objectif), déformations géométriques extrêmes et effets de bords (encore eux) de folie. Et une profondeur de champ super hypra réduite. Donc l’objectif tête bêche, c’est pas joli joli, mais ça peut vous servir à prendre en photo la jolie petite chenille qui se balade sur la table de la terrasse à l’heure du pastaga. Il suffit de sortir de votre sac une deuxième optique qui s’ennuie à ne rien faire et bam ! Macro et apéro : le bonheur !

200 mm + 80 1,8 tête bêche

objtetebeche1

Voilà, voilà, faites des tests, regardez vos images à 100% sur votre ordinateur, shootez en raw pour rattraper les erreurs d’exposition et envoyez moi vos images faites avec ces deux procédés si ça vous chante. PS : merci à stéphane www.stephanemartinelli.com , pour le prêt de son 100 mm macro IFL2S-je-sais-plus-quoi…..!!!!