On m’a demandé de faire des vues du stade de France. Il y avait un panoramique du toit du stade à réaliser. J’ai eu alors l’idée (ce qui m’arrive parfois) de faire cette image selon la technique HDRi. Derrière cette acronyme barbare se cache le terme anglais « High Dynamic Range Image » qui signifie tout simplement euh… bon laissez tomber, je vous explique dans le détail les contraintes de cette image et sa réalisation.
En premier lieu il me fallait faire une vue panoramique. Il y a en gros trois méthodes pour obtenir ceci. La première s’adresse aux photographes fortunés possédant une optique très très très grand angle. Le fameux fish eye est l’un de ces objectifs mais pour moi pas question de louer un tel bazar, j’avais une autre idée pour arriver à mes fins. La deuxième méthode est de photographier un telle scène à l’aide d’un appareil dit « panoramique » dont la particularité est d’avoir un objectif motorisé pivotant sur son axe et balayant la scène selon un angle 180 voire 360°. Pour les même raisons que la première méthode il n’était pas envisageable de procéder ainsi. La dernière méthode fut celle utilisée : la panoramique par assemblage. Il s’agit de prendre une série d’image de gauche à droite (mais vous pouvez aussi choisir de le faire de droite à gauche, selon vos préférences les plus personnelles) puis assembler cette série d’images à l’aide d’un logiciel dédié. Pour ceux que cela intéresse je vous recommande de visiter le site suivant : http://www.arnaudfrichphoto.com/gui… Vous y trouverez les détails les plus précis sur le méthode en question. Cette opération exige de se procurer un système mécanique pouvant « placer » mon appareil photo dans la bonne position par rapport au trépied photo. En effet il est vivement souhaité que l’axe vertical autour duquel j’allais faire tourner mon appareil fusse très exactement en alignement avec la pupille d’entrée de l’objectif. En gros et pour faire « court un truc assez long » il faut que le trepied soit sous l’objectif et non pas sous le corps du boitier comme c’est traditionnellement le cas. Comment qu’on allait faire donc ? J’aurais pu m’offrir un précieux système de décalage prévu spécialement à cet effet mais comme c’est la crise et que je suis un vrai radin j’ai trouvé plus commode d’utiliser un bras magique de chez Manfrotto que j’avais déjà dans ma besace.
En fait le bazar n’est pas prévu pour cet usage mais ça peut remplacer allégrement (avec moins de précision tout de même) les systèmes de réglettes de report qui sont dédiés à la photo panoramique.
Une chose est sûre ce n’est pas moi qui vais faire repartir la croissance en France avec des bricolages pareils…
Alors comment ça marche ? Ben on place l’appareil sur 3-pieds à l’endroit désiré et on shoote comme décrit précédemment de gauche à droite ….
De gauche à droite ok mais aussi du plus « clair au plus foncé » à chaque vue. Pourquoi ça ? Vous vous rappelez le terme HDR dont j’ai abusé précédemment (pitié, laissez moi croire qu’ils en a encore quelques uns qui suivent !) ? Et bien pour faire court, j’ai pris à chacun de mes bouts de panoramiques plusieurs fois le même « bout » mais en décalant les réglages à chaque prise : sous exposé, exposé normalement, sur-exposé.
Et pourquoi donc mon bon monsieur ? En fait lorsque nos yeux regardent une scène, il y a un truc génial qui fait un boulot dingue derrière nos rétines : notre cerveau. En effet, celui-ci pilote nos iris et compense presque instantanément les écarts de luminosité de la scène observée pour nous faire « croire » que tout est bien visible (à part dans les cas extrêmes de l’éblouissement ou du noir absolu). Malheureusement le capteur de l’appareil ne peut pas faire aussi bien que notre cerveau : celui-ci ne peut enregistrer qu’une échelle restreinte de valeurs de luminances (là ça va devenir technique, allez vous chercher un barre de Mars et un coca et installez vous dans un fauteuil). En fait tout le problème de la photographie est de choisir pour quelle partie de la scène on veut avoir une image correctement exposée. Est-ce dans le cas présent pour les valeurs de mon ciel très lumineux ? Mais alors les ombres du toit du stade vont être hypers noires. Le gradins du fond à peine visibles. Est-ce pour l’intérieur du stade ? Mais alors mon ciel sera tout blanc-bleu délavé. La prise de vue HDR permet de combiner toutes ces valeurs (les hautes lumières, les tons moyens et les ombres) sur plusieurs images puis grâce à un logiciel de rassembler ces valeurs en une seule.
Dans l’image ci-dessus vous avez un détail du logiciel que j’utilise (Photomatix Pro). En suivant la flèche rouge et vous verrez que la partie super dark du toit va être ramenée par le logiciel à une valeur de gris beaucoup, beaucoup moins dense. Résultat ci dessous
(ps : vous noterez le gentil camion qui ne voulait pas partir et que je vais être obligé de retirer sur l’image finale avec Mr Photoshop)
Et voilà, après environ 5 vues multipliées par 7, vous obtenez 7 « panneaux » que Photoshop va gentiment accrocher les uns aux autres pour arriver à l’image finale.
Références des logiciels utilisés :
Adobe Lightroom 2 : developpement RAW et Chromie
Adobe Photoshop CS3 : assemblage panoramique et retouches
Photomatix Pro : compositing HDRi