Il y a maintenant deux mois j’ai cassé mon speedlight 580 EXII. Forcément, à cause d’une attache mal foutue, ce dernier a chu des 1m 80 de pied photo sur lequel je l’avais accroché. Et il n’a pas aimé.
Mr Canon France m’a bien proposé une réparation, mais à presque 500 euros la mise en oeuvre de cette dernière j’ai préféré dire : « ok je m’en rachète un neuf ! ».
Et puis, mes finances étant ce qu’elles sont, et au vu de l’utilisation que j’en aie, et que je vais vous exposer dans la suite de cet article, il m’est revenu en mémoire l’existence d’une copie chinoise de mon flash nippon. A 80 euros livraison comprise, je me suis laissé tenté par l’acquisition du YN560 de chez Yongnuo.
Le jeux en vaut il la chandelle ? Peut on faire l économie des 500 euros qui séparent le 580ex2 actuel (qui frôle les 600 dans sa configuration sans fil) de son clone chinois ? Voici quelques éclaircissements sur un flash de reportage low cost (j’adore ce genre d’intro à la « Capital_M6 » style !!!).
Je vous précise déjà le manquement principal de la bête : pas de mesure auto TTL, donc vous, reporters de guerre et photographes de Bar mitzva, qui aimez l’automatisme performant que les flash cobras nous proposent depuis maintenant plus de 20 ans, passez votre chemin. C’est manuel ou manuel.
Pour moi qui place mes flash montés sur des trépieds de manière à les utiliser comme des flash de studio, ça n’est pas un souci car si la TTL peut fonctionner entre flashs de la marque (liaison infrarouge) je préfère de loin régler mes têtes de flash indépendamment et surtout les faire se déclencher via un système sans fil radio (type Pocket Wizard).
Le flash propose les mêmes incréments de puissance que son copain jap : puissance 1/1, 1/2, 1/4 etc, jusqu’à 1/128. Une petite comparaison faite au flashmètre montre que le Yongnuo est un chouia plus faiblard de 1/2 diaphragme à tous les réglages face au Canon. Rien de bien grave : les prises de vues où l’on se retrouve obligé d’être à pleine puissance sont plutôt rares. Et puis les appareils actuels permettent de jouer avec leur sensibilité iso donc un demi diaph ça n’est pas la mer à boire. Si vous voulez pinailler vous pouvez même régler le yongnuo par paliers de 1/3 de diaph mais la manip n’est pas géniale : primo il faut confirmer par une pression sur le bouton ok chaque palier, et donc ça vous rajoute un paquet de boutons à presser, ce qui, je vous l’avoue, a le don d’énerver le photographe pressé ; secundo, rien sur l’écran arrière (peut on d’ailleurs parler d’écran, il s’agit d’un tableau de LEDS) ne vient vous dire à quel réglage vous vous êtes arrêté. Edit : On me signale dans mon oreillette qu’un nouveau modèle du 560 (YN560 mk2) vient d’arriver : un tableau LCD vient combler le manque de clarté du modèle précédent, alléluia !
Restons donc sur des paliers de un diaph par un diaph : en portrait on reculera ou avancera légèrement la tête du flash pour moduler la puissance, en nature morte, domaine où la distance flash sujet peut vraiment changer l’aspect de l’éclairage, mais pour lequel on dispose de plus de temps, on s’amusera à jouer avec les boutons du flash.
Bien que le flash ne soit que manuel, il propose une petite option qui pour mon usage est fantastique : il se déclenche tout seul lorsqu’il voit un autre flash partir. Cette fonction que l’on retrouve sur n’importe quel flash de studio, avait été, à ma connaissance, soigneusement évitée par les constructeurs de flash de reportages (ces derniers préférant probablement vous vendre leurs propre système propriétaires et les flash de la marque qui vont avec). Voilà qui m’évite d’avoir à installer un déclencheur radio sur le Yongnuo. Libre à moi de lui en coller un dans les cas où le Flash chinois serait trop loin de la scène principale (genre éclairage d’un fond très éloigné). A ce sujet le Yongnuo dispose d’une prise inputPC qui permet de relier et de déclencher celui ci par câble. C’est à souligner car les Canon n’offrent cette prise que sur le modèle à 600 euros, les modèles plus petits et moins chers qui en sont dépourvus t’invitent avec joie à acheter un petit sabot de pied de flash avec la prise ad hoc.
En conclusion, ce flash est il aussi génial ?
J’ai quand même quelques critiques qui le touchent : Premièrement : on l’a dit, pas de TTL, on limitera donc l’achat de ce flash dans le cas d’un flash de complément, pas comme premier achat.
Deuxièmement, si la construction du boitier est assez bien foutue (c’est le même plastique un peu doux et semi gloss qui revêt les flashs récents), le système de blocage de la tête est à l’ancienne mode : pas de blocages de sécurité pour verrouiller pivot et rotation de la tête. Seuls des crans viennent arrêter cette dernière, mais après deux mois et quelques d’utilisation je peux d’ores et déjà vous annoncer que les « crans » d’arrêt » de mon flash sont de plus en plus fatigués, il y a fort à parier que pour Décembre (cet article est écrit en juillet) il faudra que je bricole un truc pour bloquer les axes de rotation de la tête et placer mon flash sur une rotule.
Troisièmement, lorsqu’on sollicite le flash à 1/2 voire 1/4 de puissance, ce dernier, bien que se recyclant aussi vite que le Canon (oui seulement 3s à pleine puissance !), se met très vite en protection de surchauffe. Autant vous dire que pour faire du Fill-In en plein jour (type contre-jour sur une belle plage ensoleillée) vous allez faire une dizaine de shoot et après Ciao il n’y a plus personne. C’est dommage car dans le cadre d’une utilisation intensive (je ne dis même pas professionnelle) le YongNuo refuse de fonctionner longtemps. Chez Canon je n’ai jamais eu ce genre de problème, et pourtant, croyez moi, j’aime appuyer sur le petit bouton situé sous mon index droit.
En conclusion, le YongNuo560 est un flash d’appoint parfait pour ses 80 euros, dans la mesure où on ne l’emmène pas en extérieur-jour faire de la mode. Il peut vous faire un bon flash dans un kit d’éclairage strobist à pas cher, et se synchroniser avec d’autres flash d’autres marques (on prendra cependant la précaution de le filtrer un peu car sa lumière est un peu plus froide que celle de mes Canon). Cerise sur le gâteau, il dispose d’un petit Biiip sonore pour vous permettre de savoir quand il est prêt à refaire une photo (le bip sonne toujours de la même manière soit le temps complet de recyclage de la pleine puissance, c’est assez crétin, mais bon il a le mérite d’exister). Bref un petit flash de studio mais en version Cobra, léger et transportable. Je vous laisse apprécier quelques portraits faits ces derniers mois avec le flash en question.